Dordogne (août 2016) 8ème partie

Un château-falaise insolite

La Maison Forte de Reignac à Tursac



Poursuivant notre balade en Périgord noir, nous arrivons sur le parking de la Maison forte de Reignac un peu avant la fin des visites, nous serons en première ligne demain matin pour découvrir ce château unique et pourrons l'admirer à loisir d'ici là.

Le parking est plat, au bord de la rivière et la nuit devrait être calme.

A la nuit tombée, la falaise s'illumine et l'éclairage met joliment en valeur cette belle demeure.

Photo d'un dépliant touristique

Au matin, parés pour la visite, il ne nous reste plus qu'à franchir la centaine de mètres qui nous séparent de ce château-falaise ouvert à la visite depuis 2006 seulement.

Après nous être acquittés 8 euros chacun, nous pouvons entreprendre la visite.

Nous pénétrons tout d'abord dans la souillarde où sont exposés cruches, tonneau, chaudrons...

Accolée à la souillarde, la cuisine est vaste, avec une grande cheminée.

La cuisine s'ouvre à l'arrière sur une grande salle troglodytique où sont présentés divers objets trouvés sur place lors de fouilles archéologiques. Certains sont des originaux, d'autres des copies, mais il n'empêche que tous témoignent de la longue présence de l'homme en ces lieux.

Amadouvier. Ce champignon parasite est un excellent matériau pour créer une étincelle.



Cette pièce fraîche, à température constante servait de cellier aux gens du château.

Nous nous apprêtons à entrer dans la Grande Salle.

Un escalier avec la roche pour plafond nous mène au dortoir des gens de Reignac.

Encore un étage, et c'est la Salle des Grands Hommes que l'on découvre. Un salon de réception où se déroulait la vie quotidienne.

Le "Carré Sator" (inscription découverte sous l'enduit). Les 5 mots croisés se lisent en tous sens mais le sens nous échappe encore aujourd'hui. Formule alchimique ? Carré magique ?

La cheminée creusée au plafond et que nous retrouverons sur la terrasse.

Moins « romantique » : le cachot, sombre, étroit même minuscule ! Aucune ouverture sur l'extérieur ! Un passe-plat en quinconce ne permet pas à l'infortuné d'avoir une vision autre que celle des murs qui l'entourent.

Adjacente au cachot, la Salle d'Armes recèle quelques fusils, instruments de tortures...un coffre-fort et abrite dans un coin une toute toute petite chapelle, plutôt un lieu de recueillement intime.

Le coffre-fort, 223 kg et plus de 350 ans. Fabriqué en acier, il possède plusieurs serrures secrètes.

La cloche en airain du château prénommée Marie éternelle. Depuis 2 siècles 1/2, elle ne sonne que pour les grandes occasions : guerre, paix, fête, naissance, baptême, mariage, décès, incendie, inondation.
Elle a ainsi sonné en 1789, 1870, 1914 et le 11 novembre 1918. Et plus récemment pendant une heure en 1944 pour le débarquement, pendant 2 h pour la Libération de Paris et toute la matinée le 8 mai 1945.

Du palier, nous pénétrons dans une petite chambre qui a vu bien des crimes. Le viol reconnu fort heureusement comme tel de nos jours, ne l'était pas en ces temps là du moins pour le seigneur des lieux. Autres temps, autres mœurs ! ?

Nous empruntons le grand escalier, immense avec son plafond de roche, pour rejoindre les grottes supérieures.

Et c'est ainsi que nous parvenons à la première terrasse.

Sortie de cheminée de la Salle des Grands Hommes

De là, nous grimpons à la terrasse supérieure, de taille plus imposante.

 

Isolée, en bout de la 2ème terrasse : la "Grotte des Faux-Monnayeurs" - Il n'a jamais été prouvé qu'elle ait servi à une telle activité. La fabrication de fausse monnaie était le crime le plus puni : la torture par "bouillure" jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Nous redescendons au premier étage pour terminer la visite par la chambre de la comtesse.

Hors du château, Nous poursuivons par une exposition sur la « Torture au Moyen-Âge ».

Celle-ci a déjà fait un joli tour du monde : Mexico, San Francisco, Tokyo, Madrid, Florence...et se trouve aujourd'hui à la Maison Forte de Reignac.

C'est tellement bien synthétisé que je vais faire la paresseuse et vous donner le texte tel qu'il est inscrit sur le dépliant touristique :

"Cette collection de plus de soixante authentiques instruments de torture, d'exécution capitale ainsi que de gravures et tableaux d'époque, offre une synthèse visuelle de la terrible histoire des horreurs et de la cruauté humaine.

Si les instruments exposés comme tels appartiennent au passé, d'autres plus diaboliques et plus sophistiqués sont créés et employés de nos jours.

L'objectif de l'exposition est de sensibiliser le public à la pratique de la torture aujourd'hui dans le monde." 

Pilori dans le tonneau, le masque "d'infamie et le grill.

La torture de l'eau

Les chaises d'inquisition

L'ablation des pieds par le feu et la langue de la chèvre

La "Vierge en fer"

Le "Berceau de Juda" ou "La Veille"

La bouillure

Le presse-tête

La garrotte

La scie

Le supplice de la suspension

Le taureau de Phalaris

Bien d'autres raffinements sont présentés : Pendaison dans une cage, supplice de la roue, brise-crâne, brise-genou...

Certains portent même des noms plutôt sympathiques si ce n'était leur utilisation : l'Aiglon de l'Évêque, la patte de chat, la chatte.

Nous avons tous appris durant nos cours d'histoire que la torture était communément pratiquée à diverses époques, mais ce n'était que des mots, des phrases.

Là, j'avoue être restée interdite face à de tels instruments d'horreur...

Horrifiée devant un tel déploiement d'objets dédiés seulement à nuire, détruire, causant des douleurs atroces.

Mais la Maison Forte reste un château bien singulier !

Formidablement préservé, en superbe état, bien plus grand que ce que l'on pourrait croire...

C'est une visite qu'il aurait été bien dommage de dédaigner.

A quelques cent mètres de la Maison Forte de Reignac, se trouve le « Préhisto-Parc », nous ne le visiterons pas car au vu du dépliant il est dans la même veine que la « Grotte du Roc de Cazelle » que nous avons vu ces jours-ci, mais il ne traite apparemment que de la période préhistorique.