samedi 28 mai 2016

Aude (avril 2016) 2ème partie

Une abbaye au cœur d'une jolie cité médiévale

Alet-les-Bains
 


La première étape de notre balade :  "Limoux et Saint-Polycarpe" : ICI
 
Parvenus à Alet, nous nous garons vers les thermes, le long du parapet où coule l'Aude en contrebas.

Capture d'écran (Via Michelin) et localisation de notre parking.
 
 
 
 
Sur la plaque de l'établissement thermal est inscrit :  appareil digestif - Nutrition - Massages - Sauna

Notre place de parking au fond

Le pont vu de l'îlot

Notre première visite est consacrée à l'abbaye Notre-Dame sise au cœur de la cité.
Ses origines sont imprécises mais sa fondation est attribuée au comte de Razès en 813. Placée sous la tutelle du pape Léon III, elle reçoit une relique de choix : un morceau de la vraie croix du Christ.
Son rôle stratégique est source de nombreux conflits avec les autres abbayes, notamment celle de Lagrasse.
Au XIème siècle, le comte de Carcassonne ravage l'abbaye.
Le XIIème siècle est une période florissante, les nombreux pèlerins viennent voir les saintes reliques, les dons affluent.
L'élection contestée d'un nouvel abbé en 1197, que Bertrand de Saissac emprisonne afin de le remplacer par un de ses amis l'abbé Boson, signe le début du déclin de l'abbaye. Afin de s'attirer des protections, l'abbé Boson dépense énormément, alors que dans le même temps la Croisade contre les Albigeois et les croisades en général entraînent des confiscations de biens.
S'ensuit une période florissante alors que l'abbaye est érigée en évêché en 1318 pour lutter contre les réminiscences du catharisme. Ainsi les évêques font de la vieille abbatiale romane une grande cathédrale gothique.
Mais les guerres de religion vont précipiter sa fin. En 1577, les protestants détruisent autels et statues ; en 1583, les catholiques libèrent la ville mais ne trouvent qu'une cathédrale en partie ruinée.
Au XVIIème siècle, Nicolas Pavillon, nommé évêque d'Alet crée une communauté de régentes et un séminaire. Il fait aussi édifier le pont sur l'Aude qui facilite l'accès à la ville.
Mais la Révolution marque le glas de l'abbaye, la ruine allant s'accélérant.
Ce n'est qu'en 1889 que l'abbaye est classée Monument Historique et il faudra attendre le XXème siècle pour qu'aient lieu les premières mesures de sauvegarde.

Bon, j'ai été un peu longue, mais que de péripéties pour cette abbaye !!!

Quelques photos maintenant :

Le chœur gothique, du moins ce qu'il en reste.


La sculpture qui se trouve au fond du chœur gothique.

Abside romane



La nef et le clocher Notre-Dame


A la place du mur à droite, se trouvait le cloître aujourd'hui disparu et face à lui la salle capitulaire.

Détail du mur, probablement autour d'un ancien vitrail (visible sur la photo ci-dessus)

Entrée de la salle capitulaire

Salle capitulaire

Détail de colonne devant la salle capitulaire

Détail de colonne devant la salle capitulaire

Détail de colonne devant la salle capitulaire

Détail de colonne devant la salle capitulaire

Détail de colonne devant la salle capitulaire

Du cimetière, on voit la façade sud de l'abbaye et sa belle porte romane.

Sculpture sur la façade sud

Sculpture sur la façade sud

Fenêtre sur la façade sud

Au sortir de l'abbaye, nous poursuivons par la visite de l'église à l'entrée plutôt discrète. Sa construction a commencé aux alentours de 1318, en même temps que la création de l'évêché d'Alet. Elle est de style gothique languedocien, à nef unique.

Nous passons devant le monument aux morts, intégré dans le mur.

La petite place près de l'église et son calvaire du XVIIème siècle

L'entrée peu commune de l'église, petite porte au fond qui donne sous le porche.

Vue de la porte de l'église

Portail intérieur du XVème siècle, endommagé par les Révolutionnaires.




Statue de Saint-Benoît en bois doré et peint. XVIIème siècle.

Dans la chapelle du Trésor, la statue de Sainte Marie d'Alet qui se trouvait
dans le chœur de la cathédrale en ruine, dont elle était la patronne.

Toujours dans la chapelle du Trésor, bien protégée dans sa niche, une minuscule Vierge
en ivoire du XVIème siècle. Celle-ci a été offerte par François Ier pour remercier
les Alétois qui ont participé à la rançon de sa libération après la défaite de Pavie.



Dans le chœur, l'orgue et une toile représentant l'Assomption, œuvre d'un élève de Murillo au XVIème siècle.

Dans la sacristie, des portraits des évêques.

 
A l'accueil de l'abbaye, on nous a fourni (à notre demande), une proposition de circuit pour visiter Alet concoctée par M. Jean Ribes.
Et nous voilà partis à la découverte du village selon M. Ribes. Son circuit commence à la porte de Cadène.
 
Hors la porte, nous apercevons un columbarium romain, converti au XVIème siècle en pigeonnier.


Nous nous trouvons devant la muraille de l'ancien château-fort. Le petit pont devant la porte de Cadène remplace l'ancien pont-levis.


La rue de la Juiverie, ancienne rue marchande, dans laquelle s'étaient établis prêteurs d'argent, artisans et commerçants.

On peut y voir un étal en très bon état !


De retour sur nos pas, nous distinguons au fond d'un petit passage une tour du XVIème siècle, vestige de la maison des Régentes (École de filles créée par Mgr. Nicolas Pavillon pour les filles du diocèse d'Alet). Mais assez difficile de faire une photo.

Au bout de la rue de Cadène, nous trouvons des demeures à encorbellement.


J'ai trouvé l'idée ingénieuse, une branche en forme de cintre, à laquelle sont pendus des petits contenants entourés de tricot, et dedans des plantes de petite taille.

Nous arrivons sur la place du Marché qui s'avère être pour nous le clou de la visite ! Une bien jolie place, des maisons à pans de bois, des arcades...

Au-dessus des arcades, la Salle des Consuls.



Ancienne auberge de la "Main d'Argent" du XVIème siècle. Pour la petite histoire : Des ambassadeurs de Louis XIV, envoyés en Espagne négocier le mariage du roi avec Marie-Thérèse d'Autriche ont fait halte dans cette auberge. La fille de l'aubergiste, flattée de leur venue, refusa leur paiement. L'un des ambassadeurs lui offrit alors son gant en fil d'argent.

Demeures du XVIIème siècle avec leurs façades à colombages. Celle qui fait l'angle à gauche, a eu pour locataire Nostradamus.


Maison qui a abrité Nostradamus.


De la place du Marché, nous empruntons la rue Calvière, elle aussi étroite et sinueuse.


Et là, nous nageons en plein "clochemerle"...  A gauche, la maison romane du XIIème siècle ayant appartenu à un riche drapier. Sous les arcs du rez-de-chaussée se trouvaient les magasins, à l'étage vivait le drapier et l'étage supérieur à encorbellement permettait de ranger le stock.  Un différent opposait le drapier à son voisin résidant dans la maison en face (XVIème siècle)...

...suite à l'inscription au-dessus de la fenêtre supérieure de son voisin  : "Vive Moi, le Maître".


Un joli jardin...

...qui réduit bien la ruelle déjà pas très large !

Et nous arrivons devant la porte Calvière.



Nous repassons la porte, le temps de regarder une inscription.

Sur la pierre d'angle de la maison de gauche, on peut lire : Priez Dieu pour les ouvriers.



Nous en voyons de plus en plus rarement de ces belles plaques. Celle-ci est en plomb. Elle donne outre les kilomètres, le temps pour parcourir la distance. Elle se trouve à bonne hauteur, pour faciliter la lecture aux cavaliers et cochers.



Nous terminons la visite par la "Villa Livadia" : une bâtisse du XIXème siècle, inattendue, légèrement incongrue dans ce village médiéval.
Construite par un Alétois qui fut le cuisinier attitré du tsar Nicolas II, acquise ensuite par les parents de Roger Peyrefitte, elle se distingue par son Wellingtonia, un des plus beaux arbres du département...et c'est vrai qu'il est beau...et GRAND !!!







Nous quittons Alet, non sans passer devant le Casino.


Bien que l'abbaye soit détruite, les quelques vestiges encore en place attestent de sa magnificence.
Et que dire du village, si proche de Carcassonne et encore plus de Limoux ?
Nous avons beaucoup apprécié ce petit bout de l'Aude, légèrement hors du temps et pourtant tellement ancré dans le présent. Outre l'établissement thermal, on peut y faire du canoë, kayak, rafting, hydrospeed...que d'activités en eau vive !

Au sujet des châteaux et abbayes de l'Aude, je ne saurais trop vous conseiller de vous procurer le "Passeport des sites du pays cathare", cf. http://www.payscathare.org/passeport-des-sites
Il existe aussi la "Carte Pass TPPO" qui donne droit à des réductions dans beaucoup de sites de l'Aude. Cette carte gratuite est offerte lors d'une visite à plein tarif. cf. http://www.tppo.fr/presentation


 La prochaine visite sera consacrée à Arques et son château : ICI

 

3 commentaires:

  1. Superbe village où il doit être bien agréable de flâner, jolis bâtisses, jolies ruelles, bref tout ce qu'on aime ;-)
    Merci pour cette balade !

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  2. Merci Brigitte pour ce partage "historique". Très joli village dont je n'avais jamais entendu parler. On s'offusque de nos jours de la destruction de magnifiques sites par certains fous de Dieu, mais dans nos contrées les guerres de religions ont fait la même chose.

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  3. Bonjour et merci à vous deux pour vos messages. Eh oui, de temps à autre, on a de jolies surprises sur notre route, et Alet en était une !
    Dommage que l'abbaye n'ait pas résistée aux conflits religieux, car elle devait être magnifique, la taille de la cathédrale et de la salle capitulaire ainsi que les quelques sculptures existantes en témoignent.

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