mardi 27 décembre 2016

Aveyron et Cantal (octobre 2016) 9ème partie

Quand la réalité dépasse la fiction


Saint-Santin 



C'est par une petite route qui sillonne à travers des paysages de cartes postales que nous arrivons à Saint-Santin.


Capture d'écran (Via Michelin) et localisation du parking.


Il faut que je vous parle de ce village...

SAINT-SANTIN ... un cas unique en France...un village double.
C'est le moment où certains vont avoir de grands ????

Eh oui !
Un pied dans l'Aveyron, un pied dans le Cantal.
D'un côté Saint-Santin d'Aveyron, de l'autre Saint-Santin de Maurs.

Un vrai casse-tête administratif aussi.
Imaginez deux départements (Aveyron et Cantal), deux régions (Occitanie (fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon) et Auvergne-Rhône-Alpes) et deux académies (celle de Toulouse et celle de Clermont-Ferrand).

Ah ! Que la France est simple !

Pour deux euros, nous avons acheté à l'épicerie côté Cantal un dépliant qui nous présentant le village, synthétise aussi ce joli imbroglio administratif à travers l'histoire vraie de Pierre-Marie et de Marie-Pierre.

Décidément, il y a de quoi y perdre son latin !

A part que dans cette histoire Roméo a épousé sa Juliette.
C'est ainsi que défiant tout le village, Pierre-Marie, le receveur des postes de l'Aveyron est tombé amoureux de Marie-Pierre l'institutrice du Cantal.

Car, il faut reconnaître que cette délimitation administrative a bien longtemps séparé Aveyronnais et Cantaliens.

En ce qui nous concerne, la hache de guerre étant enterrée depuis longtemps, nous nous sommes garés sur le parking en Aveyron.

J'ai matérialisé par un trait rouge leur "Ligne Maginot" ou "Ligne de démarcation" ainsi dénommée par les villageois. Mais elle se trouve réellement marquée au sol par un pavage dans l'alignement du monument aux morts.

Bien entendu, deux départements, donc deux députés,  deux mairies... ici la mairie de Saint-Santin d'Aveyron.

Là, ils poussent un peu loin le bouchon !





Parvenus au centre du village, nous tombons sur la "ligne Maginot" qui traverse la place.
Entre les deux églises : une maison.
Manque de chance, cette ancienne épicerie se trouve sur la frontière, une moitié dans le Cantal, une moitié dans l'Aveyron.
Question épineuse : A qui devaient revenir les impôts ?
C'est l'Aveyron qui l'a emporté. La chambre à coucher, lieu de procréation étant dans l'Aveyron, c'est le percepteur aveyronnais qui a rempli son tiroir-caisse. Bingo !
Par contre, la pièce abritant l'épicerie étant dans le Cantal, son heureux propriétaire a pu bénéficier des bienfaits de l'électricité dès 1932 alors que les Aveyronnais ont dû attendre 1943 pour reléguer leurs lampes à pétrole dans les placards.
Cette frontière était le lieu de combien de bagarres à la sortie de la messe, quand les enfants se traitaient de "Cantalou, ta gueule de loup" "Aveyronnais, tête de cochonnet".

Le monument aux morts érigé à la fin de la 1ère Guerre Mondiale au milieu de la frontière a été le premier balbutiement de la réconciliation, les deux Saint-Santin ayant souffert pareillement de ce conflit.
Il n'empêche que les vaches de race Aubrac et Salers restaient respectivement de part et d'autre de la ligne.
Il a fallu la 2ème Guerre Mondiale pour voir la fin de cette "Guerre des boutons".




L'église Saint-Pierre et Saint-Paul (côté aveyronnais), de style gothique tardif a été édifiée aux XVème et XVIème siècles. Elle fait partie du diocèse de Rodez.


J'aime bien les cordes pour faire sonner la cloche à l'entrée de l'église.





L'église Notre-Dame (côté cantalien), de style roman fait partie du diocèse de Saint-Flour.


Ici aussi, se trouve la corde du sonneur de cloche près de la porte de l'église.

L'animosité était telle qu'il paraît qu'il ne fallait pas se risquer de se rendre à la messe "du mauvais côté" sous peine de se faire rappeler à l'ordre par les prêtres.
Si bien, qu'un Saint-Santinois à la langue bien pendue aurait paraît-il un jour répondu : "Dites, Monsieur le curé, le Bon Dieu serait pas le même dans le Cantal que dans l'Aveyron ?"


Parvenus chez Marie-Pierre, nous poussons la porte et pénétrons dans la pièce commune aménagée en musée. Il faut dire que Pierre-Marie est venu résider dans le Cantal en épousant Marie-Pierre.
Nous mettons 2 euros dans le monnayeur pour entendre Marie-Pierre nous raconter durant 24 minutes, l'histoire de son insolite village. Et elle est belle cette histoire racontée avec beaucoup d'humour.
L'institutrice nous parle par exemple du casse-tête des vacances scolaires et des parents déconfits de n'avoir pas leurs enfants d'âges différents en même temps en vacances, du fait des deux académies.
Et de tant d'autres choses...

Chez Marie-Pierre







La mairie de Saint-Santin de Maurs dans le Cantal

De retour au parking, nous ne pouvons pas "snober" le garage-atelier de Pierre-Marie, côté Aveyron.
De même que dans la maison, nous poussons la porte et moyennant 2 euros, nous l'écoutons raconter son village durant 22 minutes...son travail,  les mariages, les enterrements, les foires aux bestiaux, les batailles de gamins de part et d'autre de la "frontière".
C'est ainsi que nous apprenons...que l'unique corbillard (cantalien) était loué aux Aveyronnais...que les Auvergnats portaient une blouse bleue alors que celle des Aveyronnais était noire...que même les vaches ne se mélangeaient pas...que dans les bals il n'arrivait jamais qu'un jeune Cantalien invite à danser une Aveyronnaise aussi belle soit-elle et vice-versa...et qu'il a été le premier Aveyronnais à franchir le pas et épouser une Cantalienne.






Les maires cultivent leur différence de nos jours avec beaucoup d'humour.

De nos jours, Saint-Santin cultive sa différence dans une ambiance sereine.
Le stade "AveyCant", création commune est le symbole de la réconciliation.
"L'entente", l'équipe des deux Saint-Santin s'y entraîne.
Ainsi, les matchs de foot se jouent sur un terrain coupé par la frontière. Une mi-temps dans l'Aveyron, une dans le Cantal.
Se pose juste le problème de l'entretien. Régions et départements ne pouvant gérer une commune hors de leur territoire. Aïe !!! ça recommence ?
Nous avons découvert un mignon petit village, un joyeux clochemerle où nous nous sommes laissés conter l'Histoire à travers les voix d'un joli couple aujourd'hui disparu.






lundi 26 décembre 2016

Aveyron (octobre 2016) 8ème partie

La vallée du Lot en Aveyron


Saint-Parthem ¤ Port de Lacombe à Flagnac



Nous quittons Vieillevie, en longeant le Lot.
Nous nous trouvons à la limite du Cantal et de l'Aveyron.
Un premier arrêt à SAINT-PARTHEM, le temps d'une balade dans ce petit bourg avec ses belles maisons du XVIIIème siècle.
Nous nous garons en contrebas de l'église sur un parking gratuit, l'aire de services est juste en dessous. En dessous aussi, un grand pré de châtaigniers et de noyers descend vers le Lot.
Ici, pas de monuments majestueux, pas de foule non plus, mais un joli village au charme discret.
Je vous laisse en juger...
En contrebas de l'église,  on trouve l'aire de services.



L'église construite au XVIème siècle avec sa façade très très sobre.

Seul, son portail renaissance se permet un brin d'originalité avec l'ancre marine sculptée sur le fronton.

On peut y voir deux chasses contenant les reliques de Saint Parthem (IVème siècle) et de Hugon (XIIème siècle)

Croix processionnelle de Saint Parthem de la fin du XVème-début du XVIème siècle




"Terra Olt", un espace pour découvrir la vie des gens de la vallée autrefois. Malheureusement, fermé. Plus d'infos ICI


Un travail à ferrer dans ce cadre rustique et pastoral tout à la fois.


Le four à pain...

...semble prêt à l'emploi, tout y est, table, petit bois et fauteuil. Il n'y a plus qu'à...



Coucou !

A défaut d'habitants, nous rencontrons au moins des chats !





Un autre travail à ferrer près de la mairie

Dommage que dans tous ces petits villages, nous trouvons bien souvent les musées fermés en dehors des mois de juillet et août. Terra Olt nous aurait certainement bien plu mais...je comprends aussi qu'avec le coût du personnel et le peu de fréquentation hors-saison, ce n'est pas vraiment raisonnable de maintenir ouvert à tout prix. 

Nous reprenons la route pour Flagnac mais trouvons quelques difficultés pour nous garer.
Finalement, nous trouvons un coin qui nous semble calme et acceptable au PORT DE LACOMBE : un grand parking devant le camping Le Port de Lacombe proche de la base nautique.

Une suggestion de randonnée au départ du parking où nous sommes garés : 17 km - 5 h - Assez facile.

Capture d'écran (Via Michelin) et localisation du parking.

Une nuit bien calme, il faut dire qu'il n'y a pas foule !
Un peu avant le lever du jour...juste une voiture, mais son propriétaire est venu "en catimini" ramasser les noix au bord du champ ; il est reparti aussi discrètement qu'il était venu au lever du jour. Le plus amusant, c'est que quelques minutes après, une conductrice armée d'un râteau a fait de même, mais rien...
Elle est repartie bredouille mais a dû se poser tout de même quelques questions. Ah ah ah !!!



Quant à moi, inutile d'aller jeter un œil sous les noyers, le coin a déjà été soigneusement récuré !
Je pars pour une courte balade au bord du Lot tout proche et profiter de la brume automnale pour faire quelques photos.


Port de Lacombe

Port de Lacombe









Port de Lacombe

Port de Lacombe


Il est temps d'étudier d'un peu plus près les documents récupérés à l'office du tourisme hier au soir et décider de la prochaine destination. Saint-Santin nous tente bien et nous n'en sommes pas trop loin, c'est décidé, nous montons jusqu'à Saint-Santin.